“Une opération exceptionnelle”. En tout, 30 personnes ont été placées en garde à vue après le démantèlement d’un vaste réseau d’importation de cocaïne par voie maritime, dans la nuit de jeudi 3 à vendredi 4 avril, dans le Calvados et en Seine-et-Maritime, révèle le procureur de la République de Rennes vendredi. Les garde à vue sont toujours en cours et peuvent durer jusqu’à 96 heures.
L’opération a été menée sous l’autorité d’une juge d’instruction de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes pour interpeller en flagrant délit les auteurs d’une importation de cocaïne par “drop-off”, c’est-à-dire le largage en pleine mer d’une cargaison récupérée par un autre bateau complice. Il s’agit d’un “mode opératoire caractéristique des groupes criminels organisés les plus aguerris”, précise le procureur.
Le terme de 18 mois d’enquête
Une information judiciaire avait été ouverte le 19 février 2024 pour huit chefs d’accusation, dont “importation en bande organisée de produits stupéfiants”, “trafic de stupéfiants” mais aussi “participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre un crime”.
Après 18 mois d’investigation, mobilisant de gros moyens, l’enquête a permis de mettre à jour un “drop off” imminent jeudi soir. Près de 100 policiers ont été engagés dans cette opération inédite, ainsi que 75 agents des douanes et 70 gendarmes, rapporte le procureur dans son communiqué. Ils ont permis d’interpeller des embarcations à Ouistreham, dans le Calvados, et à Tancarville, en Seine-Maritime. L’une, un bateau de pêcheurs, l’autre, un bateau rapide.
Six hommes, dont trois marins-pêcheurs et deux femmes, ont été interpellés. “Certains ont des casiers judiciaires liés à des infractions de pêche, d’autres des condamnations pour vols aggravés, violences ou trafic de produits stupéfiants”, toujours selon le procureur.
Au total, “800 kilos de cocaïne ont été découverts à bord d’une embarcation”, détaille le parquet. Selon les informations de franceinfo, de source proche du dossier, il s’agit du bateau de vitesse, intercepté au port de Tancarville. Parallèlement, un troisième navire a été identifié comme celui qui a transporté la cocaïne avant de la larguer en haute-mer, récupérée par le bateau de pêches puis par le bateau rapide, selon les informations de franceinfo. Le cargo, parti du Brésil, devait rejoindre Amsterdam. L’ensemble de l’équipage, 22 marins d’origine philippine, a été placé en garde à vue.
Le procureur de la République de Rennes évoque une “opération exceptionnelle” qui est “une première en France, par le mode opératoire et par le déploiement des moyens”, et qui a permis d’intercepter une “importation massive de cocaïne via la technique du drop-off, qui ne se traduisait jusqu’alors que par des échouages massifs de marchandise perdue sur les plages”.